XXVII° FORUM INTERNATIONAL (2016) – Appel à communication

RESEAU  TRANSMEDITERRANEEN de RECHERCHE en COMMUNICATION

XXVII° FORUM INTERNATIONAL

Marseille 24-26- Novembre 2016

INFORMATION et RESPONSABILITE SOCIETALE

avec la participation des Laboratoires I3M (Université de Toulon) et IRSIC (Aix-Marseille Université) et l’EJCAM (Ecole de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille)

L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme pose le principe selon lequel « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique (…) de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».

Partager l’information, la transmettre librement constitue un des fondements de nos démocraties. Traditionnellement assurée par les médias, la diffusion de l’information est, aujourd’hui, bouleversée par un monde caractérisé par une complexité croissante, par l’avènement du numérique et par l’extension des réseaux sociaux. La figure – idéalisée ? – du journaliste, formé par ses pairs, respectant une déontologie, vérifiant ses sources, assumant explicitement et publiquement une ligne éditoriale se brouille : après l’assaut de Saint Denis, des occupants des immeubles voisins négociaient, avec les journalistes, le prix des vidéos amateurs qu’ils avaient réalisées. Équipés de leur smartphone, ces journalistes amateurs semblent annoncer l’ère d’une ubérisation du journalisme. Informer à tous prix ne renvoie plus, aujourd’hui seulement, au devoir d’informer coûte que coûte, mais, aussi, à l’opportunité de vendre et d’acheter de l’information au plus offrant.

Comment, compte tenu des transformations en matière d’acteurs, de dispositifs socio-techniques, de moyens – médias ? Médiateurs ? – d’information, s’articulent le sociétal et le social ? En d’autres termes, comment la dimension sociétale de l’information – au sens des normes et des règles qui régissent les processus de circulation de l’information au sein d’une société – et la dimension sociale – au sens de la transmission-réception volontaire des informations entre les individus d’une société – entrent-elles en cohérence ou relèvent d’un écart, voire d’une fracture ? En effet, face à une société qui apparaît comme factuellement ou fatalement structurée par l’information, comment ménager un espace d’humanité, responsable, exprimant une volonté commune et raisonnée de partager une information validée et de qualité reconnue ?

Au-delà même de la profession de journaliste – qui doit être repensée ? –  c’est la société dans son ensemble qui se trouve affectée par ces bouleversements. En ce sens, sans que ces pistes de réflexions soient exhaustives, les contributions pourront interroger les axes suivants :

La culture numérique : un pharmakon pour l’information ?

S’il est possible de s’accorder sur le fait que la culture numérique constitue l’ensemble des usages, des valeurs et des compétences informationnels et communicationnels médiés par les dispositifs numériques d’information et de communication, force est de constater que l’emploi de cette expression n’est pas neutre. En effet, la culture numérique – en tant que forme d’acculturation technologique, de numérisation de la culture ou de culte du numérique ? – ne produit-elle pas une déresponsabilisation sociétale ? A l’ère de la société de l’information – produite, diffusée et accessible par tous, existe-il encore une place pour la responsabilité sociétale ? La culture numérique n’est-elle pas un pharmakon pour l’information : formidable accélérateur social, vecteur d’ouverture sur le monde, dispositif démocratique et, en même temps, producteur d’exclusion, de techno-démocratie, de déresponsabilisation.

Le concept de « responsabilité »désigne « un devoir de rendre des comptes sur ses actes et d’en assumer les conséquences ». Il implique l’adoption et le respect d’un nombre d’actions (ou de conduites) qui correspondent à des règles prescrites préalablement. A ce sujet, il parait intéressant de se questionner sur la manière dont les populations et notamment celles de l’espace latino-méditerranéen conçoivent cette notion de « responsabilité » dans une  perspective citoyenne et sous quelles formes la retrouve-t-on dans l’espace culturel numérique ?

Responsabilités jounalistiques et sociétales et transmission des savoirs :

Dans le contexte actuel, y a-t-il encore une place pour la responsabilité sociétale d’un journalisme qui échappe aux journalistes ? Comment la marchandisation de l’information accessible à quiconque possède un moyen de prendre des photos ou de réaliser des vidéos  et exploitée par les journalistes eux-mêmes lorsqu’ils monnayent ces informations est-elle compatible avec une éthique de l’information ? Que devient cet idéal de neutralité  lorsque l’on cherche à vendre de l’information ? Certes, le journaliste professionnel, tout comme je journaliste amateur improvisé, ne peuvent s’affranchir de leur subjectivité, mais, à la différence du second, le premier a été formé et doit s’imposer de respecter une déontologie. Le journaliste professionnel sait, lorsqu’il recueille l’information et qu’il la diffuse, qu’elle aura des conséquences d’ordre social, politique ou économique. Or, l’uber-journaliste a-t-il conscience de sa responsabilité sociétale ?

« Le journaliste se trouve d’emblée, à son corps défendant, placé au centre même de enjeux sociaux et de la concurrence pour l’imposition du sens : par son intermédiaire, les acteurs sociaux cherchent à accéder à l’espace public médiatique pour légitimer/imposer leur définition de la situation et les faits ui viennent étayer cette définition ». Quels sont alors les enjeux du  métier de journaliste à l’ère du numérique  et des frontières professionnelles qui deviennent floues ? Quelle est la position des recherches en SIC concernant cette problématique ? Qu’implique la médiation de l’information et sa transmission dans l’exercice de la fonction journalistique ?

Qu’est-ce qu’une information pertinente ? Toutes les informations se valent-elles ? A quelles conditions une source d’information est-elle fiable ? Est-ce la fiabilité de la source ou sa méthode d’interprétation qui garantit la pertinence d’une information ? Quel rôle jouent les données contradictoires dans la construction d’une information ?S’il est possible de considérer que ces  interrogations font – idéalement – le quotidien du journaliste, qu’en est-il de l’uber-jounaliste et de l’opinion ? Sans une éducation à l’information – son recueil, son analyse, sa diffusion – quelle valeur peut-on lui accorder ? La posture du « data driven » est-elle compatible avec l’exercice d’examen critique, de la distanciation, du questionnement éthique ? Car la responsabilité en matière d’information implique que l’on se pose, a minima, une double question : qu’est-ce que je fais de l’information que je diffuse et que devient-elle lorsqu’elle est reçue ? Le devoir d’information s’arrête-t-il à l’instant où l’information est diffusée ? Finalement, une éducation à l’information est-elle possible dans une société ou tout le monde communique avec tout le monde ?

Responsabilité médiatique et polysémie: l’Information au prisme du multiculturel et du multi-religieux :

Avec l’ouverture mondiale et la transmission en instantané des informations écrites et audiovisuelles, il devient difficile de cibler les émetteurs et donc d’éviter une compréhension erronée des messages transmis. Les méprises commises à ce niveau ont abouti à des situations de crises à travers  le monde, et continuent de créer des tensions tous les jours. Ceci sans omettre les informations erronées (involontaires ou fortuites) et les rumeurs, voire même la résurgence de la propagande et de l’intox à l’échelle de la planète. La polysémie devient donc une variable à prendre en compte dans l’analyse de ce phénomène en rapport direct avec le multiculturalisme et l’émergence de l’extrémisme religieux.

En bref comment la dimension culturelle et religieuse à l’échelle mondiale influence-t-elle  les médias et la perception des messages ? Et quelles responsabilités incombent aux décideurs et les chercheurs à ce niveau.


Date limite d’envoi des propositions de communication (500/700 signes) : 10 Mai 2016

Date limite d’envoi des textes (10/12 pages+ bibliographie) : 15 Septembre 2016

Adressés à cornulucienne83@gmail.com